Freitag, 9. November 2012

1Q84 (2009) Haruki Murakami


« 1Q84 »  m’a beaucoup déplu. Mon portemonnaie se rappelle avec doleur qu’il a payé mille roupies pour cette œuvre. Mes amis m’ont assuré que si je l’avais acheté en Europe cette quantité aurait été trois fois supérieure. Cela ne suppose aucune consolation. Ici à Delhi les œuvres les plus importantes de la littérature dès Jane Austen jusqu’à  Ibsen, en passant par Dickens, sans oublier Huxley, ne dépassent que deux cents roupies. Mille roupies en Inde sont beaucoup des roupies.

Si on considère que l’histoire a besoin de mille pages pour être racontée, ça fait une roupie par page ! Je n’aurais rien en contre, si le livre était un chef-d’œuvre. Mais dans ce cas je me sens escroquée. Moi,  je suis consciente que j’aurais dû le soupçonner car c’est vraiment étonnant qu’un écrivain vende dans un seul mois un million d’exemplaires et obtienne une répercussion mondiale.

J’avais déjà vu d’autres livres du même auteur dans les librairies allemandes pendant l’été. L’idée de pénétrer dans le monde inconnu de la littérature japonaise m’avait conduit à réfléchir sur la possibilité d’acheter un livre de Murakami. N’importe lequel. Mais la qualification de best-seller m’avait arrêté. Moi, je dois reconnaître que je sens en général une profonde aversion contre ces livres qui sont achetés pour la foule par la foule. Vous conviendrez avec moi que le trait qui la caractérise n’est pas justement la capacité intellectuelle…

Pourtant le désir d’ouvrir un « best-seller » japonais m’a poursuivi jusqu’à l’Inde. Finalement je l’ai acheté. L’intérêt pour une culture qualifiée d’habitude comme exotique a joué un rôle important dans ma décision bien que je doive avouer que mes sentiments envers le monde harmonieux asiatique sont contradictoires.

Il faut l’avouer, car je sais bien qu’aucun lecteur avec expérience ne croit que les livres sont ouverts et lus sans préjudices. Nous savons tous, que sauf  en quelques rares exceptions les préjudices toujours accompagnent le début à la lecture. La raison,  peu importe. Le sujet, peut-être le sexe, l’âge de l’auteur ou comme dans ce cas –sa nationalité.

J’ai déjà dit que j’avais des préjudices. Celles-ci n’ont aucun lien ni avec le racisme ni avec la discrimination. Surtout par ce que la lecture constitue un acte individuel tant que les concepts de « racisme » et de « discrimination » ont de répercussions sociales. Un misanthrope ne constitue jamais une difficulté dans une île déserte et isolée. Le problème apparait quand un autre homme arrive là.

Donc mon premier préjudice reposait dans la condition de « best-seller » du livre. Mon seconde : Il était un « best-seller » japonais.

Il y a beaucoup de gens qui parlent de la culture japonaise comme si celle-ci était une culture supérieure. J’ai peur des cultures supérieures. Surtout des cultures supérieures qui fondent sa supériorité dans l’élévation spirituelle. Dans telle situation je me demande toujours où est le Golem.  Il ne faut pas oublier que l’homme est constitué –comme si ça lui plaît ou pas- d’un corps et d’une âme. Moi, je procède  de la culture hellénique et je m’y sens vraiment à l’aise. Je me rappelle que le premier conflit qu’apparait dans l’Iliade n’est pas la lutte des troyens contre les grecques mais la terrible confrontation entre Achille et Agamemnon à cause d’un butin en forme de femme.

A mon avis cette attitude est plus sincère et naturelle que la prétention de fonder le comportement sur une harmonie digne des dieux mais jamais des hommes, qui ont besoin de manger et en plus de créer un patrimoine pour leurs descendants.

Pour cette raison chaque fois que je trouve une spiritualité très élevé je me demande où est le Golem. Je soupçonne  toujours qu’il a été caché sous le tapis.

Bien que j’aie déjà exprimé mes préjudices je dois néanmoins admettre que dans le plus profonde de mon âme je désirais que le livre soit un roman dirigé à sensibiliser l’esprit et l’harmonie nés de la beauté intérieure.

Parfois l’angoisse m’envahit. Je me vois à moi-même en habitant dans un monde où le matérialisme noie l’âme dans des puits de céments et d’acier et où la culture a été vaincue par l’anti-culture.

Une tasse de porcelaine fine qui contient un té aromatique servi sur un plateau élégant pour une dame gentille dans une chambre décorée avec des fleurs dont émanent des arômes doux, tout ça constitue aujourd’hui un rare plaisir auquel nous ne sommes pas accoutumés. Je voulais – pas avec la force de la volonté, mais avec celle-ci de l’espoir-  trouver la spiritualité, l’énergie magique générée par des petits gestes, la réflexion du silence et des mots mesurés. Je voulais le trouver sans reconnaitre que je le voulais, sans le demander explicitement.

Ainsi deux préjudices, un désir et un livre japonais « Best- Seller ».

Je souffrais en apercevant la fatigue de mes yeux pendant je lisais tel pâtée. Ce livre était pire, plus pire, que toutes les autres romans  historiques que j’ai lus. Il s’agit simplement d’un mauvais livre. Je ne sais pas pourquoi la moitié du monde – inclus le « sancta sanctorum » de la culture qui représente la France – a demandé le Prix Nobel pour l’auteur. Il est possible que Murakami a raison et moi, je suis –comme son protagoniste- dans un monde parallèle au nôtre. Vraiment, moi, je ne peux pas trouver une meilleure explication.

Avant d’avoir  lu les premiers cent pages, j’avais déjà entendu la raison de son qualification comme « best-seller ». Les pratiques sexuelles qu’y apparaissent satisfont chaque type des fantaisies érotiques : du lesbianisme jusqu’à la pédérastie en passant pour les pratiques de sexe en groupe, sans oublier l’inceste. Il faut y ajouter la violence en forme d’assassinat, d’abus des femmes et de justice pour compte propre.

Tout ça enveloppé dans une atmosphère de science-fiction - elfes, mondes parallèles- , orné avec les extravagances d’un monde pseudo-religieuse qui laissent la porte ouverte aux sectes et à la maternité virginal ; tout cela dans un livre – il faut le rappeler- où le sexe joue un rôle fondamental.

En résumé: Mon peur à que le Golem était caché sous le tapis était totalement infondé. La réalité est justement le contraire. Le Golem s’est enfui et a remporté la victoire dans une guerre où en disant « bon » on entend « bon assassin ». Ça signifie que « le bon » est celui qui est capable de liquider l’ennemi avant que l’ennemi lui liquide. Après avoir assisté à une addition de folies pendant mil pages, les lecteurs comme moi supplient aux dieux de l’Olympe qui envoient quelqu’un héro capable de vaincre au Golem, à l’anti culture et aux analyses de marketing.

Moi, je suis consciente qui mes paroles produiront des indignations et des consternations grandes et terribles. Sans doute les ventes augmenteront. Le représentant de Murakami, il sera bien sûr très content en savant qu’on parle de son client. Ça signifiait toujours publicité gratuite. Cependant, croyez-moi : ne gaspillez-vous ni votre argent ni votre temps en lisant des histoires de sexe, de violence et des êtres de nature inconnue.

Avoir le livre à la maison m’embarrasse. J’ai vraiment honte de le conserver mais au même temps je suis consciente qu’aucun de mes amis ne l’accepterait comme cadeau. D’autre part, comment jeter mil roupies à la poubelle sans avoir une mauvaise conscience ?

Je l’ai caché dans  l’étagère la plus haute du rayonnage à fin que personne ne le voie. Devant, la figure d’un gros bouddha se moque de moi chaque fois que je la regarde.

« 1Q84 » a été traduit à 42 langues.

Et on parle du fin du monde…

Jusqu’à la semaine prochaine.
Isabel Viñado Gascón

 

 

 

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